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©AFP |
Le salon Africa Telecom People, qui s’est tenu les 5 et
6 octobre derniers à Abidjan, a fêté les 25 ans de la téléphonie
mobile sur le continent. Une occasion pour les opérateurs, mais aussi
les pouvoirs publics de débattre de l’avenir du secteur, tout en jetant
un œil critique sur le chemin parcouru depuis la création du premier
réseau africain en 1986.
Les licences 3G pleuvent sur le continent. Burundi, Zambie, Swaziland, Liberia et Niger au cours des derniers mois ; Gabon dans quelques jours ; et bientôt Cameroun, Côte d'Ivoire, Algérie...
Les trois quarts des pays africains auront bientôt opté pour l'internet
mobile. Une étape décisive qui matérialise la possibilité pour des
millions d’utilisateurs de portables de communiquer avec leurs proches
via emails et réseaux sociaux, mais aussi pour certains de trouver de l'information à valeur ajoutée, de prospecter de nouveaux clients, de réaliser des opérations administratives ou financières...
S’ouvre également un nouveau cycle pour des opérateurs du continent
qui restent pour l’instant focalisés sur l'offre de services basiques
comme la voix et les SMS, à l'origine de 95% de leur chiffre d'affaires.
Désormais l'enjeu consiste pour eux à trouver le modèle économique leur
permettant de tirer parti de l'explosion prévisible des échanges de
données informatiques.
Réunis à Abidjan les 5 et 6 octobre 2011 à l'occasion de la septième édition du salon Africa Telecom People (ATP),
les acteurs du secteur ont largement débattu de ce nouveau défi. Un
moment charnière, idéal pour tirer un bilan du chemin parcouru depuis
l'arrivée du mobile en Afrique il y a 25 ans. « Chaque terminal coûtait
alors 3500 dollars et le revenu moyen par utilisateur était de 800
dollars », a rappelé à cette occasion Joe Gate, co-fondateur avec Miko
Rwayitare, du premier réseau cellulaire en 1986 au Zaïre (RDC).
L'époque des pionniers
Une époque de pionniers où personne n'avait anticipé le succès
foudroyant du GSM. « Tout au plus, les premiers business-plans tablaient
sur 20 000 abonnés en Côte d'Ivoire », confirme Arthur Aloco, actuel
directeur de l’autorité de régulation ivoirienne des télécoms. Après des
débuts timides dans les années 1990, le décollage du secteur s'est
confirmé pour atteindre des taux de croissance annuels phénoménaux, près
de 50 % entre 2003 et 2006 par exemple. Une réussite qui a très vite
suscité l'intérêt des bailleurs de fonds, qui la considère désormais, au
même titre que l'accès à l'eau et à l'électricité, comme un des trois
piliers du développement.
Même engouement du côté des États africains qui voient là un
formidable gisement d'emplois - 3,5 millions sur le continent - et de
revenus sous forme de taxes - 71 milliards de dollars entre 2000 et 2012
-, de dividendes ou de bénéfices lors de la vente des licences
d'exploitation. Des contrats qui peuvent atteindre des sommets, comme au
Maroc où Meditelcom a déboursé en 1999 plus d'un milliard de dollars pour la 2G.
Vers l'accès universel
D'abord destiné aux grands centres urbains, conquérant la clientèle
la plus rentable, le mobile a peu à peu gagné les campagnes. Néanmoins,
beaucoup reste encore à faire pour couvrir les zones rurales. « Le
passage à la 3G ne doit pas se faire au détriment d'une partie de la
population encore privée de réseau », insiste Thierry Moungala, ministre
des Postes et des Télécommunications du Congo. Une ambition d'accès
universel pour laquelles il convient de mobiliser les fonds alimentés
par les opérateurs - « entre 1 et 3% de leur chiffre d'affaires » (hors
coûts d'interconnexion) dans de nombreux pays africains, estime Rémi
Fékété, avocat au sein du cabinet Gide Loyrette Nouel.
Le juriste insiste aussi sur l'impérieuse nécessité d'associer
intérêts publics et privés pour développer les autoroutes en fibre
optique dont le haut débit aura besoin pour révéler son potentiel. Une
approche d’ailleurs encouragée par l’ATP qui, lors de son traditionnel
palmarès, a attribué le trophée de la meilleure initiative publique à un
projet sierra-léonais prévoyant la création de la station
d'atterrissement du câble sous-marin en fibre optique ACE. Une structure dont l’accès sera ensuite libéralisé au profit des acteurs privés du secteur.
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